Dans un article récemment mis en ligne, The Conversation rappelle que le tatouage est de mieux en mieux accepté en entreprise… surtout s’il ne se voit pas. Synthèse signée Crock’Ink !
The Conversation est un média indépendant en ligne et sans but lucratif qui propose des articles de vulgarisation traitant de l’actualité et provenant directement de la communauté universitaire et, plus largement, du monde de la recherche. Le 23 janvier 2024, l’enseignante-chercheuse en ressources humaines Sarah Alves et le professeur assistant en gestion des RH et théorie des organisations Vincent Meyer questionnaient l’acceptation des tattoos en entreprise.
En commençant par un rappel : l’évolution récente du tatouage en France montre une acceptation grandissante, avec une augmentation significative de la population tatouée, passant de 10 % en 2010 à 18 % en 2018. Des chiffres instantanément tempérés : cette tolérance semble conditionnelle, notamment dans le milieu professionnel.
Des études, principalement américaines, révèlent des préjugés persistants envers les personnes tatouées. Elles sont souvent perçues comme rebelles, moins attirantes, moins intelligentes, et moins fiables. Ces stéréotypes s’appliquent aussi dans l’environnement professionnel, où les tatouages visibles peuvent constituer un frein à l’embauche ou à l’évolution de carrière. Cette perception négative est plus marquée dans des secteurs traditionnels comme la banque ou l’audit.
Les résultats d’une étude récente indiquent cependant une évolution des mentalités, avec une acceptation sociale accrue du tatouage. Les recruteurs interrogés reconnaissent que le tatouage est de plus en plus perçu comme un élément de style personnel. Toutefois, la condition majeure de cette acceptation reste la discrétion : un tatouage non visible ne pose généralement pas problème.
Les préjugés demeurent néanmoins forts, particulièrement contre des tatouages considérés comme extrêmes ou peu professionnels. Les personnes tatouées sont souvent confrontées à des jugements de manque de sérieux, d’extrémisme… voire de manque de féminité ! Des stéréotypes qui renforcent les discriminations, surtout dans certains secteurs plus conservateurs.
D’après le duo d’auteurs, le tatouage visible continue de poser des défis dans les interactions sociales au travail, notamment dans les professions en contact avec le public. Les employés tatoués peuvent vivre une dissonance cognitive et émotionnelle, partagés entre l’expression de leur identité et les attentes professionnelles. Cette situation peut affecter leur satisfaction et leur engagement au travail, les obligeant souvent à cacher leurs tatouages pour éviter les conséquences négatives.
Cette dichotomie est particulièrement prononcée dans les entreprises prônant des valeurs inclusives mais qui ne traitent pas spécifiquement la question du tatouage. Les employés tatoués peuvent ainsi se sentir moins authentiques et moins efficaces dans leur environnement de travail.
En conclusion, bien que le tatouage soit plus accepté socialement, il demeure un sujet sensible en entreprise. Il est conseillé aux candidats tatoués d’aborder cette question dès le recrutement pour intégrer une entreprise où ils pourront s’épanouir. Inversement, si le tatouage est considéré comme personnel, mieux vaut en discuter après l’embauche pour comprendre les attentes professionnelles… et éviter la discrimination.